Le récit d'enquête dans les romans de Georges Perec

L'univers fictionnel perecquien influencé par les canons esthétiques revus du genre policier, emprunte les arcanes d'une enquête aux sens policier et archéologique. Si le récit de soi vers lequel tendent les livres du romancier peut accréditer l'idée de récits factuels et donc de textes desquels n'est pas exclue la réalité, leur statut interdit de le ranger dans la tradition du récit autobiographique et du roman policier. Et même si le récit perecquien a quelque chose de policier, cela tient plutôt de la métaphore qui facilite le passage d'une enquête transitive à une enquête réflexive. L'une des dimensions heuristiques du texte est la lecture du roman de Perec à l'aune du roman policier, de ses traits, structures etc. et non pas seulement les ressources du policier. Perec est une souffrance, un drame profond que ce livre met en exergue. Car l'être lambeau qu'il est devenu se manifeste dans une écriture en lambeau, en puzzle. Le livre montre à partir de l'exploitation de la psychanalyse et de l'art-thérapie la manière dont le roman familial et celui de filiation de Perec participent au roman d'enquête pour faire admettre son oeuvre romanesque comme un tombeau "narratif".

Auteur d'une thèse unique sur le récit d'enquête dans l'écriture de Georges Perec, Siriki Ouattara développe une étude sur la question de la Shoah en rapport avec la psychanalyse de Freud et la démarche de Lacan. Ses recherches s'étendent aussi aux nouvelles représentations de soi et à la technique policière réinvestie dans le roman français.