Soro

Soro, boisson composée avec de l-alcool de canne et des feuilles macérées, est le
rhum populaire haïtien. À la fois adulée par le peuple et méprisée par les élites, cette boisson aurait des vertus aphrodisiaques et serait à même de nettoyer le sang de ses impuretés. Tout le monde en raffole pour oublier la tragédie. Soro est aussi le titre du dernier roman de Gary Victor.
L-inspecteur Dieuswalwe Azémar boit beaucoup de soro pour fuir la réalité, nous dit l-auteur Gary Victor. « Tout de suite après le séisme, dans mon quartier, à Carrefour-
Feuilles, les gens carburaient au soro pour se donner du courage, pour ne pas voir, pour ne pas penser. Cette image m-est restée dans la tête. »
Comme dans le roman Saison de porcs, Gary Victor nous promène dans les méandres de l-histoire populaire haïtienne, jouant habilement avec les mythes, les diverses facettes de la réalité et de l-imaginaire du vaudou. L-auteur reconnaît que dans l-état actuel des choses, l-humour et l-ironie ne peuvent rien contre la bêtise. « En Haïti, il n-y a que cette fatigue, cette sensation de désespoir, de vide et surtout cette colère
qui explosera forcément un jour. »

Romancier, scénariste et journaliste, Gary Victor est né à Port-au-Prince. Ses ouvrages sont publiés en France, au Canada et en Haïti. Il a reçu de nombreux prix littéraires dont le Prix du livre insulaire à Ouessant (2003), le Prix RFO du livre (2004), le Prix littéraire des Caraïbes (2008) et le Prix Casa des las Americas (2012). Il a publié chez Mémoire d-encrier Chroniques d-un leader haïtien comme il faut. Les meilleures d-Albert Buron (récits, 2006), Treize nouvelles vaudou (nouvelles, 2007), Saison de porcs (roman, 2010), Soro (roman, 2011), Maudite éducation (co-édition
avec Philippe Rey) a été en lice pour le Prix Médicis (roman, 2012), Collier de débris (chronique, 2013) et Cures et châtiments (roman 2013).