M¿riyamma¿-Mariyamma¿ Hindouisation du culte de la Vierge à Velankanni

Le clergé indien et les pèlerins qualifient le sanctuaire de Velankanni de «Lourdes of the East». Cette réputation n-est pas liée au pouvoir miraculeux d-une de ces nombreuses statues de la Vierge de Lourdes importées en Inde au dix-neuvième siècle par les pères des Missions Etrangères ou les jésuites français. Elle est bâtie sur trois apparitions de la Vierge en Inde, sur l'attribution d'un pouvoir thérapeutique de cette Vierge dénommée -r-kkiya M-t- (Mère de la Bonne santé) ainsi que sur la forte fréquentation pèlerine. Cependant, la comparaison paraît abusive tant l-atmosphère et les pratiques du sanctuaire de Velankanni sont différentes de celles qui caractérisent Lourdes. Sans cette immense basilique toute blanche qui se dresse ostensiblement au-dessus des petites paillotes, ces étalages de statues et de chromos de la Vierge et de saints, ces amas de cierges aux formes, tailles et couleurs variées, ou encore la diffusion tonitruante des célébrations religieuses par les nombreux haut-parleurs qui bordent les abords du sanctuaire, on pourrait s-imaginer dans un des nombreux sanctuaires de pèlerinage hindou de la région.

Brigitte Sébastia est anthropologue affiliée à l'Institut Francais de Pondichery et au centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (EHESS). Ses recherches se sont intéressées à l'Inde du sud où elle a mené des travaux sur la santé mentale, la médecine traditionnelle siddha, et les problèmes de santé résultant des changements alimentataires.